Information du : 18/02/2022

Un peuple : rencontres avec le réalisateur Emmanuel Gras

Après Bovines et Makala, le réalisateur Emmanuel Gras nous plonge dans un nouvel univers, celui de la mobilisation des Gilets Jaunes. De l'engagement d'Agnès, Benoît, Nathalie et Allan à la répression policière lors des manifestations parisiennes, sa caméra s'approche au plus près des enjeux de ce mouvement qui aura marqué notre histoire politique contemporaine.

En octobre 2018, le gouvernement Macron décrète l’augmentation d’une taxe sur le prix du carburant. Cette mesure soulève une vague de protestations dans toute la France. Des citoyens se mobilisent dans tout le pays : c’est le début du mouvement des Gilets jaunes. À Chartres, un groupe d’hommes et de femmes se rassemble quotidiennement. Parmi eux, Agnès, Benoît, Nathalie et Allan s’engagent à corps perdu dans la lutte collective. Comme tout un peuple, ils découvrent qu’ils ont une voix à faire entendre.

" Le 17 novembre 2018, j’ai entendu parler des blocages de ronds-points et vu les images des
manifestations. Comme beaucoup d’autres, j’ai été interpellé par cette mobilisation et, le samedi
suivant, je me suis rendu à la manifestation parisienne pour voir qui étaient ces déjà fameux « Gilets
jaunes ». J’ai alors vu des gens qui ne ressemblaient pas au peuple de gauche que j’avais l’habitude de voir battre le pavé. La plupart venait de province et arrivait dans la capitale par petits groupes, se
retrouvant sur le chemin des Champs-Élysées. Là, je les ai vus dresser des barricades et y mettre le feu en chantant la Marseillaise.

Hors cadre syndical, sans services d’ordre régulant la colère, je découvrais des gens, qui se désignaient comme « le peuple » et affirmaient leur légitimité, en tant que tel, de prendre
possession de ce symbole de la puissance et de la richesse française qu’est cette grande avenue
menant à l’Arc de Triomphe. Je n’avais jamais vu une telle expression de révolte populaire."

" (...) Mais cette manifestation n’était pas un cadre propice à la rencontre et à la discussion. J’ai alors
cherché un rond-point pas trop loin de Paris pour pouvoir m’y rendre en train régulièrement. Je me
suis retrouvé à la périphérie de Chartres et je suis allé à la rencontre des Gilets jaunes présents sur
un rond-point. Ils étaient une trentaine et m’ont accueilli chaleureusement. Plus que faire un film, je
voulais d’abord comprendre.

Eux avaient beaucoup à dire. Ils se racontaient entre eux les difficultés de tous les jours, celles detoutes les fins de mois, l’humiliation ressentie, l’impression d’être oubliés. Je n’allais pas simplement à la rencontre d’une réalité que je connaissais peu, mais à la découverte de ce qu’ils avaient à dire publiquement : pour la première fois, ils prenaient la parole pour lancer leur vécu à la face du monde."

- Emmanuel Gras, extraits du dossier de presse

" Un document passionnant. " (Ouest France)

" Avec une subtilité et une intelligence qui hantent chaque plan du film, Emmanuel Gras donne à voir l’espoir qui habite ces militants d’un nouveau genre, leur organisation balbutiante, leur hantise du déclassement enfin dépassée. " (Marianne)

" Une insurrection cinématographique au service des invisibles." (Bande à Part)

" Un documentaire d’une grande humanité d’où émergent des figures fortes. " (L'Humanité)

"Ce qui rend « Un Peuple » d’Emmanuel Gras si profond et émouvant, c’est que ce documentaire sur les Gilets jaunes suit une section du mouvement, celle de Chartres, et à l’intérieur de celle-ci, Benoît, Agnès, Nathalie et Allan, dont il interroge les motivations et les angoisses." (Le Parisien)

"Après le Congo de « Makala », le documentariste suit un groupe de « gilets jaunes » des faubourgs de Chartres aux Champs-Elysées. D'un magma de colère, Emmanuel Gras a tiré une forme cohérente et lisible. Un film épique et vertigineux. " (Les Echos)

" «Ne nous regardez pas, rejoignez-nous !» L’invitation de ce slogan [...] met en jeu toute la tentative du film Un peuple. Entre regarder et rejoindre, dans la tension entre les deux, un film se fait. Ce qu’il aura fait entretemps, c’est encore une troisième chose, à la fois difficile et simple : raconter. " (LIbération)

" Filmer la parole et son saisissement, voilà le projet et la richesse d’Un peuple, qui rappelle à juste titre que la citoyenneté, trop souvent corrélée au calendrier électoral, est une affaire de tous les jours. " (Transfuge)

" Au fil de la chronique haletante et sensible se font jour les antagonismes sur les stratégies à adopter, les craintes face aux dérives du mouvement, la peur de voir leur engagement discrédité par les violences dans la capitale, les inimitiés camouflées, les rivalités autour du leadership… " (Télérama)

" C’est l’apport le plus délicat du film : poser la vulnérabilité avant de les montrer projetés sur la scène répressive ultraviolente que le gouvernement a érigée à Paris. " (Les Cahiers du cinéma)

" Emmanuel Gras parvient à figurer un enjeu essentiel des luttes politiques : l’appropriation de l’espace public. " (Critikat)

UN PEUPLE

Un film d'Emmanuel Gras
France - 2021 - 1h44

L'INTERVENANT :
EMMANUEL GRAS

Emmanuel Gras est un réalisateur et directeur de la photographie né à Cannes. Après une licence d’Histoire, il entame une licence d’Études Cinématographiques en 1997 et est diplômé de l’ENS Louis-Lumière au sein de la section Image en 2000. Il travaille d’abord principalement en tant que directeur de la photographie, avant de réaliser ses premiers courts-métrages;En 2011, il réalise son premier long-métrage, Bovines, qui est sélectionné à l’ACID et sera ensuite nommé aux César dans la catégorie Meilleur film documentaire en 2013. La même année, il devient coprésident de l’ACID. Il réalise Makala en 2017 qui reçoit le Grand Prix de la Semaine de la Critique et une mention spéciale du jury de l’OEil d’or. Un peuple, fresque et portrait intime d’une France fracturée et divisée, en proie au désespoir, est son dernier film.

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