Information du : 22/09/2013

Mort d'un cycliste

Second film du cycle Répertoire Cinéphare 2013/2014 avec un film espagnol rare et étonnant signé Juan Antonio Bardem. A découvrir en novembre dans 21 salles du réseau.

Professeur d'Université, Juan entretien une relation adultère avec Marie-José, la très belle épouse d'un riche industriel madrilène. Au cours d'une virée, les deux amants renversent un cycliste et prennent la fuite. Le lendemain, ils apprennent par la presse que l'homme est mort, mais le drame provoque chez eux des réactions très différentes : tandis que Juan est rongé par la culpabilité et envisage de se rendre à la police, elle s'inquiète surtout du scandale public et du déshonneur que cela pourrait provoquer. Lors d'une soirée mondaine, ils réalisent qui plus est que l'un de leurs proches, Rafa, semble en avoir un peu trop sur leur implication...

« Le cinéma espagnol est politiquement inefficace, socialement faux, intellectuellement informe, esthétiquement nul, industriellement rachitique»... Ce constat d’une grande sévérité fut énoncé par Juan Antonio Bardem lors des Conversations de Salamanque, en mai 1955, quelques jours après que Mort d’un cycliste a reçu le Prix de la FIPRESCI, prix de la critique internationale, au Festival de Cannes. Il faut dire qu’à l’époque, et tandis qu’en comparaison le cinéma italien vivait des heures parmi ses plus glorieuses, le cinéma espagnol - et plus globalement, toute la production artistique ibère - peinait non seulement à s’affirmer hors de ses frontières, mais même à influer au niveau national.

La parabole est limpide, et d’une virulence inouïe : au début du film, c’est l’Espagne du travail qui se fait rouler dessus par l’Espagne des soirées mondaines, du luxe et du capital. C’est l’Espagne des
Républicains écrasée, en 1936, par une oligarchie de parvenus indifférents. Mais tout le déroulé du film nous emmène vers 1955, année de réalisation du film, pour affirmer que les choses sont en train de changer, et qu’il est grand temps d’en prendre conscience

Ce sur quoi il faut aussi insister, et qui, plus indépendamment de toute considération historique, confère au film la force indéniable qui est la sienne aujourd’hui encore, c’est la fluidité, narrative et
visuelle, avec laquelle Bardem traduit à l’écran ce mouvement du passé vers l’avenir. Que ce soit à travers la longueur des plans (et au sein de ceux-ci par l’utilisation de la profondeur de champ ou le style sophistiqué des cadrages) ou la symbolique des raccords, le film donne en quelque sorte l’impression d’être un fil continu, un flot ininterrompu d’images qui se répondent les unes les autres pour, in fine, composer le portrait intégral de la société espagnole de l’époque.

Très probablement, il se trouvera encore aujourd’hui des spectateurs pour trouver le film un peu outrancier (on a lu à l’occasion que le film pâtissait de son didactisme et/ou de son emphase). Ce n’est certainement pas notre cas, et sa vigueur formelle, tout à fait impressionnante, ne fait à nos yeux que renforcer celle de son propos.
Il y a des films, dans la postérité cinématographique, qui marquent par leur force visuelle, et qui, longtemps après le visionnage laissent parfois des images fulgurantes traverser la mémoire. Il y en a d’autres qui, eux, marquent l’histoire par le rôle social déterminant qu’ils ont su tenir dans un pays et à une époque donnés. Et puis il y en a d’autres, beaucoup plus rares, qui font les deux. Mort d’un cycliste est de ceux-là. C’est dire l’importance qu’il convient de réaccorder, d’urgence, à ce film remarquable.

Antoine Royer, DVDClassik

MORT D'UN CYCLISTE

Muerte de un ciclista

Un film de Juan Antonio Bardem
Espagne - 1955 - 1h28

Version numérique restaurée
Version originale sous titrée

Les Séances

  • Callac, L'Argoat : Mer 18 septembre

    Redon, Cinémanivel : Jeu 3 octobre – Lun 7 – Jeu 10 – Lun 14 – Jeu 17 – Lun 21

    Saint Renan, Le Bretagne : Jeu 3

    Saint Rivoal, Au Ptit Seize : Ven 4

    Quimperlé, La Bobine : Lun 7

    Moëlan sur Mer, Le Kerfany :Mar 8

    Quimper, Le Quai Dupleix : Mer 9 au mar 15

    Île de Groix, CInéma des familles : Jeu 10

    Guéméné sur Scorff, Ciné Roch : jeu 10

    Douarnenez, Le Club : Sam 12 et lun 14

    Etel, la Rivière : Dim 13

    Questembert, L'Iris : Dim 13 et mardi 15

    Gourin, Le Jeanne d'Arc : Lun 14

    Plougonvelin, Le Dauphin : Mar 15

    Camaret, Le Rocamadour : Jeu 17

    Plougastel Daoulas, L'Image : Jeu 24

    Carantec, L'Etoile : Jeu 24

    Belle île en Mer, Le Rex : Jeu 24

    L'île Tudy, Cinéma du port : Sam 26

    Le Quai des images, Loudéac : Dim 27 et Lun 28

    Morlaix, La Salamandre : Mar 29

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