Information du : 03/09/2024

L'usage du monde : rencontres avec la réalisatrice Agnès Fouilleux

Après Un aller simple à Maoré en 2009 et Small Beautiful en 2010, nous avons le plaisir de retrouver la cinéaste Agnès Fouilleux pour son nouveau documentaire, L’Usage du monde qui, depuis les peintures rupestres de la grotte Chauvet jusqu’aux débris laissés dans l’espace par les satellites d’Elon Musk, nous invite à une réflexion sur les sociétés humaines et les traces qu’elles laissent de leur passage sur Terre.

L’Usage du monde est un film documentaire qui mêle archives, récits, littérature et réel. Un voyage depuis la préhistoire à l’histoire, jusqu’aux luttes environnementales et sociales actuelles. Scientifiques, historien, archéologue, philosophe, anthropologues - dont Claude Lévi-Stauss - expliquent le poids de la culture, des mythes et des préjugés dans notre rapport à la nature et à la domination. Une domination sur la nature sauvage, la terre et l'eau mais depuis longtemps aussi, domination sur les femmes et les « sauvages »… Travaux pratiques à l'appui, le film montre qu’un autre chemin est possible. Militants, paysans, associations, collectifs, forts de leur vigilance, de leur connaissance du réel et de la nature, avec pugnacité, tentent de faire changer le cours de l’histoire.

« La peur des hommes face à la nature provient du fond des âges alors que nous n’étions que de simples proies parmi les autres animaux sauvages. Cette peur, au fil de l’histoire, s’est muée en une volonté de maîtrise et de domination totale sur un environnement que nous avons peu à peu asservi.
C’est l’histoire d’une culture, la nôtre. Avec elle, ce mythe du progrès et de la modernité, de la supériorité d’une partie de l’humanité sur le sauvage et « les sauvages », va s’installer sur l’ensemble de la planète, et fabriquer peu à peu le monde dans laquelle nous vivons.

Alors que les connaissances scientifiques, dès le 19ème siècle, auraient pu nous permettre de construire une société plus respectueuse du vivant, un capitalisme sans limite, en est resté l’axe principal de développement, laissant des traces indélébiles et des conséquences mortifères.
Il semble que de tous temps, la force des récits et des croyances, ait plus influencé notre évolution qu’une approche scientifique et rationnelle. Encore aujourd’hui, les scientifiques « crient dans le désert » et ne parviennent pas à changer le cours de l’histoire malgré les nombreuses alertes lancées… »

"Au fil du film, des historiens, anthropologues, analysent cette culture humaine qui s’est détachée peu à peu de la « nature ». Jean-Paul Demoule, Valérie Chansigaud, Jean-Claude Génot, Catherine Larrère, Ludovic Slimak, mais aussi Claude Lévi-Strauss, et les textes notamment de Henry David Thoreau, nous ouvrent à un autre regard sur cette relation. Des paysans, forestiers, écologues, porteurs d’une autre vision des interactions avec le vivant, organisent de nouvelles alliances, renouent ce lien abîmé.
Ils nous font comprendre à quel point une approche sensible, des connections subtiles, le lâcher-prise sur la domination, l’humilité, l’observation et l’écoute de cette nature est une opportunité pour vivre mieux.

Alors que l’extinction de milliers d’espèces vivantes, la modification accélérée du climat et les pollutions irréversibles de notre milieu nous emmènent vers une crise sans précédent, notre culture pourrait être entrainée par un nouveau récit, vers une autre réalité. Et si notre rapport à l’environnement ne pouvait évoluer que par un changement culturel profond et majeur de nos perceptions ? Et si seule la culture pouvait faire basculer la société ?"

"Cette Fresque décortique notre rapport au vivant dans une balade historique, ethnologique, philosophique aussi riche que touchante." Télérama

"Un documentaire exemplaire tant dans son engagement pédagogique que sa mise en forme en lien parfait avec le fond, pour rappeler - entre philosophie, archéologie anthropologie, littérature - l’urgence de passer d’un rapport de domination à celui de partenariat avec la nature.(...) Un plaidoyer lumineux où tout fait lien dans sa structure et qui nous invite à reconsidérer ce qui nous unit à la nature. " Les fiches du cinéma

L'USAGE DU MONDE

Un film d’Agnès Fouilleux
France – 2024 – 1h46

Un film soutenu par

  • La LPO
    France Nature Environnement
    Réseau Paysans de la nature
    La CPN
    Terre et Humanisme
    L’ASPAS
    Le GNSA
    Socialter

L'INVITÉE :
AGNÈS FOUILLEUX

Après une formation universitaire en biologie et biochimie, une carrière de sportive de haut-niveau en parapente, et quelques années de journalisme dans la presse écrite, Agnès Fouilleux découvre la réalisation documentaire et se forme à ce média. En 2009, elle réalise Un aller simple pour Maoré dans lequel elle interroge la problématique de l’immigration et des questions géopolitiques aux Comores. En 2011, sort le film Small is beautiful qui pose la question d’échelle dans le développement agricole et sa conséquence en terme environnemental et social. En 2017, elle signe Être plutôt qu’avoir qui s’intéresse aux questions éducatives et pédagogiques et leur lien avec l’apprentissage de la citoyenneté. Les sujets d’études actuels de la réalisatrice sont la question de la démocratie, du rapport de l’homme à la nature, des capacités d’évolution et de transformation des sociétés humaines et de la place des femmes, depuis la préhistoire jusqu’à nos jours, toutes abordées dans son dernier film, L’Usage du Monde.

LES RENCONTRES