Information du : 26/03/2019
J'veux du soleil !
Après Walter, retour en résistance, De mémoires d’ouvriers, Les jours Heureux, La Sociale et L'Insoumis, Gilles Perret nous fait le plaisir de revenir une nouvelle fois dans les salles du réseau pour son nouveau documentaire co-réalisé avec François Ruffin, J'veux du soleil !, un road-movie à la rencontre des Gilets jaunes et autant de tranches de vie qui nous mènent du rire aux larmes.
Dans la vie des peuples, il est des saisons magiques. Soudain, des Corinne, des Carine, des Khaled, des Rémi, des Denis, des Cindy, des Marie, d’habitude résignés, longtemps abattus, se redressent, se dressent contre l’éternité d’une fatalité. Ils se lient et se liguent, leurs hontes privées, accumulées, se font colère publique, et à leurs seigneurs, à leurs maîtres, aux pouvoirs, ils opposent leurs corps, leurs barricades, leurs cabanes. Leurs voix, surtout : la parole se libère, déchaînée, pour réclamer une part de bonheur.
C’est un éclair, alors, qui déchire la nuit noire de l’histoire. Un éclair, un éclair jaune, fluorescent même, qui ne dure qu’un instant, un instant seulement, mais se grave dans les mémoires. Derrière, le tonnerre fait résonner ce mot : espoir.
Comme en une hasardeuse chasse aux papillons, Gilles Perret et François Ruffin sont partis pour un road-movie dans la France d’aujourd’hui. En guise de filet, une caméra, pour capturer cet instant, magique, pour saisir sur le vif les visages et les voix des Corinne, des Carine, des Khaled, des Rémi, des Denis, des Cindy, des Marie...
Fakir : Comment ça a démarré, votre projet de film ?
Gilles Perret : Par une coïncidence. Je traînais autour de l’Assemblée, j’avais un entretien dans le coin, et là je croise François qui me dit : « Tu viens bouffer au self avec nous ? » Avec son équipe, entre les carottes râpées et l’île flottante, ils étaient en train de machiner une traversée de la France.
François Ruffin : Ouais. Je savais que le pays vivait un instant magique, incertain, et donc j’avais bloqué une semaine, mi-décembre, pour naviguer sur les routes, pour respirer pleinement ce moment. Pour nourrir un bouquin.
G.P. : Ces « Gilets jaunes » me titillaient moi aussi, j’éprouvais de la sympathie plutôt. Sans doute parce qu’on est de province tous les deux, l’un de Savoie, l’autre du Nord, on n’a pas le jugement parisien, un peu hautain. J’étais passé sur des ronds-points, le 17 novembre, et j’avais découvert des visages que, d’habitude, dans les manifs, on ne voit jamais. Je me souviens d’un couple, au péage d’Annecy, avec la banane, une joie que tu ne vois pas souvent dans les manifs. Ils n’étaient jamais sortis, et là ils existaient ! Et donc, pendant le repas, je propose à François de le suivre avec une caméra : il me répond « non », ce con !
F.R. : Bah oui, d’abord j’en ai marre d’avoir toujours des caméras et des micros au cul, je me sens surveillé, je me surveille. Je préférais le côté « lonesome cow-boy »...
G.P. : Mais j’ai pas lâché l’affaire...
F.R. : Surtout, je ne voulais pas d’un film sur moi. Le sujet, c’est vraiment les gens. Ils se réveillent enfin, qu’est-ce qui leur prend ? Je veux bien être le fil conducteur, au sens propre, ici, “C’est un d’ailleurs, parce que je conduis mon Berlingo de la Picardie jusqu’au grand Sud, je veux bien qu’on regarde à travers mes yeux, par-dessus mon épaule, mais les héros, c’est eux ! C’est Cindy, c’est Marie, c’est Loïc, avec des histoires à chaque fois inattendues... C’est un film d’amour, je crois. Je veux dire à ces gens : « Je vous aime », ces gens si longtemps résignés, méprisés, qui se mettent debout maintenant. Je les aimais déjà avant, mais là, on montrerait leur beauté, leur fierté. La force explosive de la parole
G.P. : C’est bizarre parce que, sur le papier, c’est très moche : une France des ronds-points, des autoroutes, des entrées de ville, sous la pluie, dans la gadoue, avec des bâches plastiques, des abris d’infortune... Et ça finit par être beau, parce que c’est habité par la vie. Je pense que nous apportons ça : on va vers l’intime, avec une grande proximité, parce que le courant entre François et les gens passe bien, y a du rire, de l’émotion. Et parce que, techniquement aussi, je suis tout seul, sans preneur de son, je peux m’approcher de ces personnes, de leurs traits, de leurs voix, au plus près...
Un road movie politique, sincère et engagé, qui, malgré les partis pris des deux cinéastes, regarde les militants sur les ronds-points avec douceur et émotion. (àVoir-àLire)
Cette lutte aura enfin trouvé une représentation digne (quoique forcément partielle) dans la première œuvre qui lui aura été consacrée au cinéma. Un lieu pour réfléchir, comme les gilets fluorescents. (Les Cahiers du cinéma)
Loin des clichés officiels sur les Gilets Jaunes, "J'veux du soleil" est un formidable portrait de la France qui n'a jamais l'occasion de s'exprimer. Parasité par instants par François Ruffin lui-même, le film demeure très important dans le contexte actuel. (Ecran large)
Le film est triste parfois, mais drôle aussi, grâce à la repartie et l’imagination de ces inconnus. (La Croix)
Dans "J’veux du soleil !", plein de l’esprit taquin et tendre de François Ruffin, les petits miracles se succèdent jusqu’à la séquence finale, enchanteresse. (Le Nouvel Observateur)
Un documentaire sensible et coloré sur les Gilets Jaunes, débordant d’humanité et qui, malgré des témoignages exprimant une détresse sociale, donne chaud au cœur par ce qu’il montre : la dignité retrouvée de gens qui cessent de courber la tête. (Les Fiches du cinéma)
Loin de toute analyse sociologique et des postures en surplomb, les deux comparses interrogent, titillent, incitent. Alors, la parole la ramène, parfois entre rires et larmes. (L'Humanité)
Faites ce que vous voulez mais voyez ce film : il ne suffit pas, il y en aura d’autres, une armée de tortues qui continueront après lui à semer tous les Achille aux talons du pouvoir, mais il a le mérite de nous faire gagner un peu de temps. (Libération)
Narré avec la même joie communicative que "Merci patron !", ce film politique n’est jamais tire-larmes. Si bien des témoignages serrent le cœur, c’est avec l’espoir de nous galvaniser. (Télérama)
J'VEUX DU SOLEIL
Un film de Gilles Perret et François Ruffin
France - 2019 - 1h16
L'INVITE :
GILLES PERRET
Gilles Perret a réalisé 14 documentaires. Ses films ont pour lien ce pays qui est le sien, les Alpes. A s’attarder chez ses voisins de vallée, il aborde la réalité du monde politique, économique et social. Partir du local pour raconter le global. C’est ce regard singulier qui a fait le succès de ses derniers films sortis en salle comme Ma Mondialisation, Walter, retour en résistance, De mémoires d’ouvriers, Les jours Heureux, La Sociale et plus récemment de L'Insoumis.
LES RENCONTRES :
- Mardi 30 avril à 18h00
L'Eckmühl, Penmarc'h
Mardi 30 avril à 20h30
Le Quai Dupleix, Quimper
avec Gros Plan
Mercredi 1er mai à 14h30
Le Bretagne, St Renan
Mercredi 1er mai à 20h30
Les Korrigans, Guingamp
Jeudi 2 mai à 18h00
Le Jeanne d'Arc, Gourin
Jeudi 2 mai à 20h30
Le Grand Bleu, Carhaix
Vendredi 3 mai à 20h45
Le Korrigan, Groix
Samedi 4 mai à 20h45
Le Ti Hanok, Auray