Information du : 05/04/2018
Finding Phong
Membre de l'Association du cinéma indépendant pour sa diffusion (plus connu sous l'acronyme de l'ACID) le cinéaste Vincent Dieutre se déplacera dans les salles du réseau du 5 au 8 juin pour accompagner le beau documentaire Finding Phong de Swann Dubus et Tran Phuong Thao.
Phong s’est toujours considéré comme une fille prise au piège dans un corps de garçon. C’est en entrant a` l’université à Hanoï qu’il découvre qu’il n’est pas le seul à souffrir d’une telle situation. Caméra au poing, Phong décide de changer de vie et amorce une métamorphose.
Dès la première image, une bouche dit son désir de vivre et annonce le drame : "Je veux changer, je veux vivre selon ma vraie nature, je veux devenir une vraie fille". C'est sous forme d'auto-fiction ou de lettre filmée que s'ouvre Finding Phong.Lettre à sa mère, lettre à l'origine du monde pour annoncer la création d'un nouveau monde, le sien, celui que Phong a choisi. Dès lors on accompagne Phong dans sa construction d'un nouveau moi, à travers un nouveau genre ou plutôt à travers le genre qui est le sien. Mais il y a la terreur, la terreur du changement, la terreur de la solitude, la terreur de casser l'équilibre familial.
Mais c'est alors que le ton du documentaire change, évitant de dépeindre, comme c'est bien souvent le cas, la destinée tragique du transsexuel. Le film nous fait traverser l'expérience de Phong avec joie et jubilation, malgré les angoisses et douleurs du protagoniste. La parole est sans cesse libérée.
Même si le dispositif alterne entre caméra "auto-fiction" et mise en scène des réalisateurs, le point de vue est clair, sans ambiguïté ni dissimulation. Car même lorsque Phong ne se filme pas elle-même, elle se met en scène constamment. Plus Phong est heureuse d'avancer dans sa transition plus elle excelle dans le burlesque. L'humour et la distance sont toujours là. Dédramatiser, réconcilier, créer la complicité et le lien avec les réalisateurs, la famille, et bien sûr avec nous, spectateurs. Le lien du dire vrai et de la joie, celui qui fait tomber les murs des jugements et des lamentations, celui qui accueille plutôt qu'il ne rejette. C'est que dans Finding Phong la mise en scène de soi est l'endroit du combat, et que c'est précisément dans cet endroit du combat que se trouve la clé du bonheur.
- Karim Bensalha, cinéaste de l'ACID
"Au fur et à mesure, on est pris au jeu, inquiet et paradoxalement amusé par le parcours du combattant Phong apprivoisant sa nouvelle identité." Le Journal du dimanche
"Aussi attentive aux infimes variations du corps qu’aux imperceptibles fluctuations des sentiments, cette délicatesse habite tout le film et lui confère une précieuse justesse." Les Inrockuptibles
"Au-delà de l’aventure intime, le film décrit l’impact familial et social d’un tel choix. Contre toute attente, il n’est presque pas question de relations sexuelles. Phong se sent simplement femme, sans expliciter pourquoi ni comment. Cela rend la métamorphose encore plus mystérieuse et poignante." L'Humanité
"C’est la charge d’universel détenue dans chaque parole, parfois contredite quelques instants plus tard, c’est la bienveillance surprenante du père, les hésitations de la fratrie, qui résonnent et donnent sa richesse au film." Libération
"Émouvant, et plus encore. Car "Finding Phong" ne relate plus seulement, alors, la transformation d'une personne transgenre mais probablement, aussi, celle de la mentalité d'un pays." Positif
"Le film fait progressivement exister des tiers aux côtés de ce personnage narcissique mais attachant. C’est ainsi son mouvement qui fait l’intelligence de ce documentaire?: faire de la métamorphose de Phong, celle du regard porté sur elle." Les Cahiers du cinéma
FINDING PHONG
Un film de Swann Dubus et Tran Phuong Thao
Vietnam - 2015 - 1h33
Sélection ACID Cannes 2017
Dans la presse
LES RENCONTRES :
- mardi 5 juin à 20h15
L'Iris, Questembert
mercredi 6 à 20h45
L'Argoat, Callac
jeudi 7 à
La Salamandre, Morlaix
vendredi 8 à 20h45
Le Quai des image, Loudéac
+ Séance de Coby à 18h00
L'INTERVANT :
VINCENT DIEUTRE
Vincent Dieutre est né en 1960. Après avoir suivi des études d’Histoire de l’Art, et obtenu le diplôme de l’IDHEC, il réside à Rome puis à New York dans le cadre de la Villa Médicis hors les murs, avant de se consacrer au cinéma.Titulaired’un DEA de cinéma sur « L’esthétique de la confusion », il enseigne au département cinéma de Paris VIII et participe aux activités du collectif PointLignePlan. En tant que cinéaste, il explore « un territoire entre le documentaire et l’autofiction »