Information du : 07/12/2024
Cycle Western italien
En 1966, les trois Sergio (Leone, Corbucci et Sollima) inventent un nouveau genre : le western italien. Distorsion des plans, ultra-réalisme, lyrisme baroque, anti-héroïsme, révision de l’histoire, violence… en quelques années l’Italie invente une nouvelle mythologie et se réppaproprie le western américain classique pour en faire un objet politique et esthétique qui va avoir une influence considérable sur le cinéma mondial des années 70 et dont les échos se retrouvent encore aujourd’hui. Ce cycle vous propose trois classiques du genre et le portrait de l’une de ses grandes figures, Ennio Morricone, qui a traversé toute l’histoire de ce courant.
EL CHUNCHO
Un film de Damiano Damiani – 1967 - 1h58
Au Mexique, pendant la période de la révolution dans les années 1910, El Chuncho (Gian Maria Volonté) à la fois bandit et révolutionnaire opportuniste, attaque un train transportant des civils ainsi qu'une garnison de l'armée régulière. Avec l'aide de sa bande, il massacre les militaires afin de dérober leurs armes et les revendre au populaire général révolutionnaire Hélias.
El Chuncho témoigne également d'un grand réalisme dans la description d'un Mexique en proie à l'anarchie et à la misère. Le choix de l'utilisation de figurants issus de la population gitane rend très crédible la pauvreté du peuple mexicain ainsi que son analphabétisme. L'aridité des décors contribue au sentiment de dureté et d'indigence. Les deux personnages principaux interprétés par Volonté et Castel mettent également en évidence le cynisme de cette révolution avec d'un côté le mercenaire américain dont toutes les actions sont motivées uniquement par l'appât du gain et la cupidité, et de l'autre l'homme du peuple rustre, analphabète et trop inconscient d'être au cœur d'un projet révolutionnaire. Le film montre par moments une vision sombre et amère du combat social (...)
Il convient toutefois de ne pas réduire El Chuncho à un film sociopolitique relatant des faits historiques. C'est également un formidable film d'aventures visuellement très réussi, qui utilise avec bonheur les codes du genre édictés par Leone : des paysages désertiques écrasés par le soleil, des personnages cyniques et sans scrupules avec des "gueules", une violence proche du nihilisme, un esthétisme immodéré et une musique rythmant l'action (...)
Fable politique et progressiste, western baroque et onirique, film d'aventures à grand spectacle, farce picaresque, œuvre psychologique a l'interprétation hallucinée... El Chuncho est tout cela à la fois. C'est pourquoi chacun pourra y trouver son compte, sans spécialement être sensible aux messages véhiculés. Le film est à recommander aux aficionados du genre mais aussi aux non-initiés. À sa sortie en salles, le public ne s'y trompa pas et fit de ce premier "western Zapata" un triomphe. Il confirma l'intérêt du public européen pour le cinéma engagé et le western, nouveaux filons du cinéma populaire italien. Sans modestie, disons-le franchement : El Chuncho est un sommet du western italien. À redécouvrir.
LE GRAND SILENCE
Un film de Sergio Corbucci – 1968 - 1h45
1898, Snow Hill, un petit village de l’Utah perdu dans la neige, où les chasseurs de primes font régner la terreur en tuant des hors-la-loi alors que le gouverneur s’apprête à amnistier ces derniers. Cette amnistie prochaine provoque une montée de la violence de la part des chasseurs de primes qui font un véritable massacre. Les villageois se réfugient dans les collines enneigées pour échapper aux chasseurs menés par Tigrero (Klaus Kinski), le plus impitoyable d’entre eux. C'est à ce moment là qu’un mystérieux cavalier (Jean-Louis Trintignant) fait son apparition. Apparemment muet, on le connaît sous le surnom de ‘Silence’
S’il existe des westerns désenchantés et nihilistes, Le Grand Silence en est l’un des mètres étalons. Rarement on aura vu autant de noirceur sur un écran. Une noirceur du propos qui tranche avec la blancheur de la neige du paysage ; c’est là une autre originalité du film : le climat. Le village est perdu dans la neige, les routes sont quasiment bloquées, le froid intense règne. Un froid qui piège les protagonistes, qui gèle les esprits, qui engloutira même l’un des personnages. Une neige qui sert à conserver les cadavres des hors-la-loi (les abords enneigés de la ville deviennent des morgues à ciel ouvert). Tigrero est un véritable boucher, conservant ‘sa viande’ dans le froid. Sergio Corbucci signe donc un film totalement anti-héroïque où seul le machiavélisme semble vouloir l’emporter.
Corbucci, ancien collaborateur de Sergio Leone, est un réalisateur à la carrière on ne peut plus inégale. Ayant abordé tous les genres ou presque ( péplums, polars, comédies…), il aborde logiquement le western spaghetti qui déferle sur les écrans depuis l’apparition de l’Homme sans nom. Le Grand Silence restera son chef d’œuvre, le film de la postérité. Corbucci fait de son film une œuvre à part et originale tout en respectant le cahier des charges du western : antagonisme (parfait) des deux personnages principaux, réalisme ; Silence est présenté comme le tireur le plus rapide de l’Ouest, le méchant est abominable, etc. C’est sur le destin des personnages, des icônes du genre, que Corbucci va surprendre le plus. Il n’y aura aucun salut pour la bravoure, pas d’espoir. Le plus malin, celui qui aura le moins de scrupule gagnera, tout simplement. Corbucci pousse le nihilisme dans ses derniers retranchements. La fin, d’une noirceur peu commune illustre parfaitement le propos : pas de place pour l’héroïsme. C’est la loi du colt la plus forte. Même le Shérif, figure noble, sera littéralement happé par la mort. Nul espoir du côté des dirigeants, aussi fourbes que ceux qu’ils condamnent. L’enjeu pour le gouverneur n’est pas de sauver des hommes, mais de conserver, voire gagner des électeurs !
MON NOM EST PERSONNE
Un film de Tonino Valerii – 1973 - 1h56
1899. La fine gâchette Jack Beauregard (Henry Fonda) est désormais une vieille gloire de l'Ouest, et aspire à prendre sa retraite. Il croise un jour, sur son chemin, un jeune homme facétieux (Terence Hill) qui se présente comme un des ses admirateurs. Son nom est Personne, et il rêve de voir Jack Beauregard affronter, un jour, les 150 bandits qui sèment la terreur dans la région et qu'on appelle la Horde Sauvage.
L’idée de Mon nom est Personne a germé dans les esprits de Sergio Donati (qui collabora comme scénariste, sans être crédité, à la trilogie des dollars de Sergio Leone) et de Fulvio Morsella (beau-frère de l’épouse de Leone, Carla) : les deux hommes imaginent une transposition de l’Odyssée dans le Far West, dans laquelle Ulysse aurait été un confédéré s’échappant d’un camp pour retrouver son épouse, les péripéties majeures du héros homérien (la magicienne Circé, le cyclope Polyphème, le massacre des prétendants…) étant adaptées au contexte de la fin du 19ème siècle américain.
L’arrivée à la réalisation de Tonino Valerii (qui fut assistant réalisateur de Leone une dizaine d’années plus tôt et était depuis passé à la réalisation, notamment avec Le dernier jour de la colère) et l’influence joyeuse de Terence Hill orientent le film dans la direction d’une fantaisie allégorique, dans lequel Personne devient le trublion tourbillonnant autour d’une vieille gloire usée, Jack Beauregard, qui souhaite tourner le dos à sa légende et prendre sa retraite en Europe. Et l’enjeu du film, précisément, devient sa bâtardise intrinsèque : Henry Fonda charrie sur ses épaules tout un imaginaire du western classique, déjà perturbé par les relectures leoniennes (Il était une fois dans l'ouest, évidemment). Quant à Terence Hill, il incarne alors la dérive potache, égrillarde, « spaghetti-flageolets », de l’époque. La dimension mélancolique ou crépusculaire du film, dont l’action se situe au basculement des siècles (1899), est encore accentuée par les citations plus ou moins explicites au cinéma de Sam Peckinpah, depuis une dizaine d’années fossoyeur américain du genre. Et la dernière partie du film, sur l’air bien connu du « quand la légende devient la réalité, imprimez la légende », opère une référence quasi-explicite à L’Homme qui tua Liberty Valance, chef d’œuvre absolu qui parachevait la période classique du western américain...
ENNIO
Un film de Giuseppe Tornatore - 2022 - 2h36
Ennio est le portrait d’Ennio Morricone, le compositeur le plus populaire et prolifique du XXème siècle, le plus aimé du public, deux fois récompensé aux Oscars, et auteur de plus de 500 bandes originales. Le documentaire le décrit au travers d’une longue interview de Giuseppe Tornatore et de témoignages d’artistes et réalisateurs, tels que Bernardo Bertolucci, Guiliano Montaldo, Marco Bellocchio, Dario Argento, les frères Taviani, Luca Verdone, Barry Levinson, Roland Joffé, Oliver Stone et Quentin Tarantino. Ennio est aussi une enquête visant à révéler ce que l’on sait peu sur Morricone, comme sa passion pour les échecs et les liens mystérieux qu’elle entretien avec sa musique.
Le film va à la rencontre mais aussi l’origine de certaines de ses intuitions musicales, comme le cri du coyote dans Le Bon, la brute et le truand, où le claquement rythmé des mains sur des boites de conserves par des grévistes à la tête d’une marche de protestation dans les rues de Rome, qui inspirera le grand thème de Pereira Pretend. Une aptitude à l’invention qui se confirme dans son amour constant pour la musique et dans sa vocation à une expérimentation constante.
"J’ai travaillé pendant vingt-cinq ans avec Ennio Morricone. Il a participé à la quasi-totalité de mes films, sans compter les documentaires et publicités, des projets que nous avons tenté de monter sans succès. Pendant tout ce temps, notre amitié n’a cessé de se renforcer. Ainsi, au fur et à mesure de nos rencontres et collaborations, je me suis toujours demandé quel genre de documentaire j’aurais pu faire sur lui. Aujourd’hui, mon rêve se concrétise. Il ne s’agissait pas seulement de le faire parler de sa vie et de son rapport si spécial à la musique, mais aussi de trouver des interviews et images d’archives à travers le monde, de ses nombreuses collaborations avec les cinéastes les plus importants de sa carrière.
J’ai structuré Ennio comme un spectacle, à travers des extraits des films qu’il a mis en musique, des images d’archives, de concerts, pour faire entrer le spectateur dans la formidable expérience artistique et personnelle du musicien le plus aimé du XX ème siècle. Puis je me suis concentré sur « mon » Ennio Morricone, racontant aussi la méthode très particulière avec laquelle nous avons construit notre travail, de Cinema Paradiso à La Corrispondenza."
- Giuseppe Tornatore
- Textes critiques DVDClassik :
El Chuncho
Le Grand Silence
Mon nom est personne
SAISON RÉPERTOIRE
2024/2025
Cycle Western Italien
De janvier à fin mai dans 23 salles de Bretagne
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