Information du : 29/03/2024

Cycle répertoire Delphine Seyrig

Notre deuxième cycle de la saison répertoire 2023/2024 sera consacré à une grande figure du cinéma et du féminisme, Delphine Seyrig. Un hommage en quatre films à son talent et à son engagement, de la fée des Lilas de Peau d'Âne à la Vampirella des Lèvres rouges, en passant par l'incroyable Jeanne Dielman et son unique réalisation, le passionnant documentaire Sois belle et tais-toi !

« Ce visage maigre - en dehors de toute mode - sur lequel est posé le sourire de l’humour universel, ou de l’intelligence - c’est pareil -, il est aussi imprévisible que celui d’une inconnue de la rue. Et cela, chaque fois qu’on la revoit. » Marguerite Duras

PEAU D'ÂNE

Un film de Jacques Demy
avec Catherine Deneuve, Jean Marais, Jacques Perrin, Micheline Presle et Delphine Seyrig
France – 1970 – 1h40

La reine moribonde a fait promettre au roi de n'épouser qu'une femme plus belle qu'elle. Dans tout le royaume, une seule personne peut se prévaloir d'une telle beauté, sa propre fille. Revêtue d'une peau d'âne, la princesse désespérée s'enfuit du château familial.

« En 1970, Jacques Demy retourne en France de son périple californien. Imprégné de contre-culture, ayant expérimenté les paradis artificiels, il a déjà, dans Model Shop, rendu compte d’une expérience hippie dont, quoiqu’il ne faille pas le dire trop fort, il semble un peu revenu. Pour son retour à domicile, il relance un vieux projet, précédant même Les Parapluies de Cherbourg et Les Demoiselles de Rochefort : adapter Peau d’Âne, le conte de Charles Perrault, qui a émerveillé son enfance. Demy rêve de réaliser un film qui épouserait le point de vue de l’enfant qu’il a été, de renouer avec un regard enchanté, mais sans passéisme malvenu : faire dialoguer le Blanche Neige de Disney et les gravures de Gustave Doré avec Warhol, la pop (Jim Morrison en prestigieux guest du tournage), les poèmes d’Apollinaire. Rendre hommage surtout à Cocteau, sa Belle et la Bête, en offrant à Jean Marais le rôle du patriarche. Film ambitieux (comprendre coûteux), dépassant allègrement le budget préalablement imparti, il se fera sur l’enthousiasme de Catherine Deneuve : « Comme les autres filles, j’aimais les histoires de fées et de sorcières, de rois et de princesses, de perles et de crapauds. Lorsque j’ai lu le scénario de Peau d’Âne j’ai retrouvé les émotions de ma lecture d’enfance, la même simplicité, le même humour, et, pourquoi ne pas le dire, une certaine cruauté qui sourd généralement sous la neige tranquille des contes les plus féériques. »

Film enchanté / "en-chanté" (sur une des plus mémorables partitions de Michel Legrand), Peau d’Âne regarde autant le passé (1694) que l’avenir : les « poètes du futur » que récite le Roi à la Princesse si troublée, les signes de la modernité (téléphone, pile, hélicoptère) qu’accumule la Fée des Lilas, par ailleurs interprétée par une figure marquante de l’émancipation féminine (Delphine Seyrig). Entre avenir et passé, Demy a choisi son camp : ce n’est pas tant la fille qui rêve à son père que ce dernier, désespéré de ne pas trouver beauté égale à sa mère (de même incarnée par Deneuve), qui projette tyranniquement son fantasme sur sa fille. Cette figure paternelle, force d’antan, doit laisser place à la vie et à la jeunesse, l’union scellée avec le Prince (Jacques Perrin), sous le regard à la fois bienveillant, normatif (« Mon enfant, on n’épouse jamais ses parents... ») et intéressé de la Bonne Fée. »
- Jean-Gavril Sluka, DVDClassik

JEANNE DIELMAN 23 QUAI DU COMMERCE, 1080 BRUXELLES

Un film de Chantal Akerman
avec Delphine Seyrig et Jan Decorte
Belgique – 1976 – 3h18

Élu “meilleur film de tous les temps” par la prestigieuse revue britannique Sight and Sound en 2022, Jeanne Dielman montre trois jours de la vie d’une Bruxelloise aliénée par les tâches du quotidien. Pour Akerman, le film raconte l'histoire d'une femme qui "vit seule avec son fils et qui a continué à vivre exactement de la même manière depuis la mort de son mari".

« Jeanne Dielman est une expérience qui change votre manière de penser, de voir, de concevoir le cinéma. C’est un film d’un suspens extraordinaire qui révolutionne l’idée de narration et la représentation de la vie d’une femme à l’écran : la façon de se river à la routine des tâches domestiques ou cette caméra à la Ozu qui se confronte à elle dans sa cuisine m’ont grandement influencé. » Todd Haynes

« Chantal Akerman est l’une des réalisatrices les plus importantes de l’histoire du cinéma et chaque image qu’elle a fabriquée a été importante. Jeanne Dielman vous fait croire en la mise en scène, à quel point on peut être radical. Or être radical, c’est aussi être généreux, c’est là la force qu’elle nous donne. » Céline Sciamma

« La découverte de Jeanne Dielman m’a incommensurablement marqué. Je le revois souvent et je reste stupéfait des frontières qu’elle explose dans ce film, ce qu’elle y invente en termes de narration, de rapport au personnage.Il a constitué pour moi une influence plus qu’essentielle. » Gus Van Sant

« Jeanne Dielman est un film magnifique, unique et inclassable. Il montra que le temps, la matière même du cinéma, pouvait être le temps de la vie quotidienne d’un être humain et il montra que cet être humain pouvait être une femme. Deux découvertes simples et majeures qui inaugurèrent une nouvelle ère du cinéma. » Luc Dardenne

SOIS BELLE ET TAIS-TOI !

Un film documentaire de Delphine Seyrig
France – 1981 – 1h52
avec Jane Fonda, Louise Fletcher, Barbara Steele, Juliet Berto, Anne Wiazemsky, Shirley MacLaine, Maria Schneider, Ellen Burstyn ...

Porté par les témoignages de vingt-quatre comédiennes filmées dans leur quotidien entre Paris et Hollywood, de 1975 à 1976, ce documentaire est l’unique long-métrage signé de l’actrice et cinéaste Delphine Seyrig.

« Lorsqu’elle se lance dans le projet de réaliser ce documentaire, entre la France et les États-Unis, la carrière de Delphine Seyrig est depuis plusieurs années étroitement nouée à son engagement féministe. Ainsi, en 1971, elle peut tout à la fois jouer dans Le Charme discret de la bourgeoisie de Luis Buñuel, tout en signant Le Manifeste des 343, ou s’engager pour le droit à l’avortement au Procès de Bobigny auprès de l’avocate Gisèle Halimi. En août 1972, avec ses camarades du Mouvement de Libération des Femmes, elle ouvre son appartement pour la première démonstration en France de l’avortement par aspiration, la fameuse méthode Karman. Les années 1970 sont celles où de nombreuses femmes se lancent dans la réalisation grâce à la vidéo. Avec son amie de longue date Iona Wieder, Delphine Seyrig s’initie à ce nouveau format aux côtés de Carole Roussopoulos, cofondatrice du collectif militant Video Out. En 1974, toutes les trois créent une association Les Muses s’amusent qui devient Les Insoumuses. Le média va leur permettre de porter leur voix pour leurs activités de militantes féministes. Ce collectif va d’ailleurs créer en 1982 le Centre Audiovisuel Simone de Beauvoir afin d’archiver et produire des documents concernant l’histoire des femmes, leurs droits, leurs luttes et leurs créations.

Tout l’enjeu de la démarche de la cinéaste et militante est clair : il s’agit d’incarner avec la plus grande rigueur ce que donnent à entendre et comprendre ces différentes actrices, dans une crudité qui parfois fait mal. Elles racontent bien plus que leurs expériences professionnelles, elles témoignent chacune de la violence systémique qu’elles subissent dans le monde du cinéma. Elles expliquent la permanence d’une domination impérieuse et persistante, avec les ravages que cela peut causer à moyen et long terme. La liste est longue des humiliations, contraintes, attaques et violences physiques et verbales, du racisme, du mépris et des discriminations. Personne n’est dupe, et toutes exposent leur ressenti, de l’anecdote la plus bête à la plus triste, avec une lucidité politique aiguë quant à la question du droit et du respect.»
- Bande à part

LES LÈVRES ROUGES

Un film d’Harry Kümmel
avec Delphine Seyrig, John Karnel et Danielle Oulmet
France – 1971 – 1h40

Valerie et Stefan, immobilisés à Ostende, séjournent dans un vaste hôtel désert en cette morte saison. Le couple fait alors la connaissance de l'inquiétante comtesse Bathory et de sa protégée Ilona, ténébreuses créatures de la nuit. Insidieusement, elles envoûtent d’abord le jeune homme, fasciné par des meurtres mystérieux perpétrés dans la région, puis Valerie, intriguée par l’étrange relation qui unit les deux femmes…

« La Comtesse Bathory c’est Delphine Seyrig, forcément irrésistible. Harry Kümel invente à travers elle un personnage anachronique et élégant, fascinant. Lors de son entrée en scène, l'actrice est filmée comme l'étaient jadis les grandes stars de Hollywood : gros plan qui révèle l'étendue de la beauté, lumière douce qui vient mettre en valeur ses yeux, sa bouche, ses cheveux clairs. Elle a la blondeur de Jean Harlow, mais c'est surtout à Dietrich que l'on pense, la Dietrich inventée par Sternberg, avec ses voilettes qui exaltent la pureté des traits, ses sourcils minutieusement taillés, les plumes qui encadrent son visage fin (Shanghai Lili). Par la suite, d'autres éléments du film viendront évoquer cette figure tutélaire de Marlene : le passage d'un habit féminin à un habit masculin, en particulier les bottes hautes, transforme la Comtesse en la Catherine II de L'Impératrice rouge. Hitchcock est également l'une des références de ce film : un travelling avant sur la chevelure blonde d'un personnage, le sens du voyeurisme, un terrible meurtre sous la douche... Les clins d'œil cinéphiles au maître du suspense sont nombreux. Trois couleurs composent le personnage fascinant de la Comtesse Bathory : le blanc, le noir et le rouge. Elle en propose une succession dans ses tenues, qui trouve un écho dans les décors et chez les autres personnages : Valérie, l'oie blanche sur laquelle la Comtesse a jeté son dévolu, est le plus souvent toute de blanc vêtue, tandis qu'à Stéphane est souvent associé un accessoire rouge, comme l'est par exemple son peignoir. Ce jeu symbolique des couleurs raconte un rapport de forces et de séduction, le rouge dénotant bien sûr une conduite bien plus agressive, tandis que le blanc, comme tout bon film de vampires, fait référence à une forme d'innocence et de fragilité. Quant au noir, c'est la couleur de la secrétaire de la Comtesse, Ilana, mélange de petite fille (coupe à la garçonne et cols Claudine) et de femme fatale, soumise aux désirs de la Comtesse et habile à séduire les hommes qu'elle veut réduire à l'impuissance.

Le film fait la part belle aux femmes et à la troublante relation qui s'établit entre le vampire et sa future compagne. Stephen est non seulement un obstacle à écarter, un peu falot, mais un être violent, jaloux, meurtrier. Il est loin du Harker de Stoker. On aurait du mal à aller jusqu'à parler de féminisme, mais le discours porté par le personnage de Delphine Seyrig n'est pas sans audace, elle qui évoque la possibilité d'un monde de femmes, qui rejette la violence des hommes, qui s'exerce sans cesse sur les femmes, la violence de désirs qui font de leur épouse leur esclave. Elle est le symbole d'une femme qui vit son existence indépendamment des normes, une créature de la nuit qui agit en toute liberté. Delphine Seyrig se défait ainsi des oripeaux de la grande bourgeoise qui lui collait à la peau chez Resnais, Truffaut ou Bunuel, pour incarner ce personnage étonnant, sensuel, indépendant des hommes. « Du chic dans le trash », selon les mots même du cinéaste. »
- Anne Sivan, DVDClassik

CYCLE DELPHINE SEYRIG

De janvier à fin avril dans 25 salles du réseau

  • Carhaix, Le Grand Bleu
    06/01

    Carantec, L’Etoile
    24/01

    Quimperlé, La Bobine
    09/03

    Plougonvelin, Le Dauphin
    02/04

    Saint Brieuc, Le Club 6
    03/04

    Plestin les grèves, Le Douron
    5 et 8/04

    Moëlan sur Mer, Le Kerfany
    09/04

    Gourin, Le Jeanne d’Arc
    sem du 10/04

    Questembert, L’Iris
    14 et 16/04

    Saint Malo, Le Vauban
    17/04

    Guéméné sur Scorff, Ciné Roch
    18/04

    Callac, Cinéma Argoat
    à dater

    Arzon, La Locomotive
    à dater

    Belle île, Le Petit bal perdu
    à dater

    Douarnenez, Le Club
    à dater

    Huelgoat, Arthus Ciné
    à dater

    Morlaix, La Salamandre
    à dater

    Plougastel Daoulas, L’Image
    à dater

    Redon, Le Ciné Manivel
    à dater

    Saint Renan, Le Bretagne
    à dater

    Sarzeau, L'Hermine
    à dater
  • Carhaix, Le Grand Bleu
    03/02

    Plougonvelin, Le Dauphin
    06/02

    Gourin, Le Jeanne d’Arc
    sem du 07/02

    Guéméné sur Scorff, Ciné Roch
    08/02

    Plestin les grèves, Le Douron
    09 et 12/02

    Moëlan sur Mer, Le Kerfany
    13/02/24

    Callac, Cinéma Argoat
    18/02

    Questembert, L’Iris
    18 et 20/02

    Quimperlé, La Bobine
    31/03

    Saint Brieuc, Le Club 6
    03/04

    Saint Malo, Le Vauban
    14/02

    Sarzeau, L'Hermine
    29/04

    Arzon, La Locomotive
    à dater

    Douarnenez, Le Club
    à dater

    Huelgoat, Arthus Ciné
    à dater

    Groix, Le Cnéma des familles
    à dater

    Morlaix, La Salamandre
    à dater

    Redon, Le Ciné Manivel
    à dater

    Saint Renan, Le Bretagne
    à dater
  • Saint Brieuc, Le Club 6
    09/01

    Moëlan sur Mer, Le Kerfany
    09/01

    Plougonvelin, Le Dauphin
    09/01

    Saint Malo, Le Vauban
    10/01

    Plestin les grèves, Le Douron
    12 et 15/01

    Questembert, L’Iris
    14 et 16/01

    Gourin, Le Jeanne d’Arc
    sem du 17/01

    Guéméné sur Scorff, Ciné Roch
    18/01

    Carantec, L'Etoile
    21/02

    Carhaix, Le Grand Bleu
    sem du 06/03

    Quimperlé, La Bobine
    07/03

    Callac, Cinéma Argoat
    14/04

    Sarzeau, L'Hermine
    29/04

    Arzon, La Locomotive
    à dater

    Belle île, Le Petit bal perdu
    à dater

    Douarnenez, Le Club
    à dater

    Huelgoat, Arthus Ciné
    à dater

    Groix, Le Cnéma des familles
    à dater

    Morlaix, La Salamandre
    à dater

    Plougastel Daoulas, L’Image
    à dater

    Redon, Le Ciné Manivel
    à dater

    Saint Renan, Le Bretagne
    à dater
  • Carhaix, Le Grand Bleu
    03/02

    Plougonvelin, Le Dauphin
    05/03

    Moëlan sur Mer, Le Kerfany
    12/03

    Saint Brieuc, Le Club 6
    12/03

    Saint Malo, Le Vauban
    13/03

    Gourin, Le Jeanne d’Arc
    sem du 13/03

    Guéméné sur Scorff, Ciné Roch
    14/03

    Plestin les grèves, Le Douron
    15 et 17/03

    Questembert, L’Iris
    17 et 19/03

    Belle île, Le Petit bal perdu
    21/03

    Callac, Cinéma Argoat
    14/04

    Arzon, La Locomotive
    à dater

    Douarnenez, Le Club
    à dater

    Huelgoat, Arthus Ciné
    à dater

    Groix, Le Cnéma des familles
    à dater

    Morlaix, La Salamandre
    à dater

    Redon, Le Ciné Manivel
    à dater

    Saint Renan, Le Bretagne
    à dater

    Sarzeau, L'Hermine
    à dater

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