Information du : 10/03/2025

Coconut Head Génération : Rencontres avec le réalisateur Alain Kassanda

Du 3 au 8 avril nous aurons le plaisir de recevoir le réalisateur Alain Kassanda, auteur d'un formidable documentaire, Coconut Head Generation qui mêle cinéma et lutte sociale et politique au Nigéria.

Tous les jeudis un groupe d’étudiant·es de l’université d’Ibadan au Nigeria organise un ciné-club. Regarder ensemble des films libère la parole et va transformer ce simple rendez-vous cinéphile en véritable agora où s’élabore une pensée critique, politique et militante.
Cette jeunesse, à qui on dit qu’elle a la tête dure et vide comme une noix de coco, va s’emparer de ce qualificatif méprisant et l’ériger comme un étendard dans sa lutte pour un meilleur Nigeria.

« J’ai vécu quatre ans au Nigeria avec ma compagne. Elle est anthropologue et était en poste dans un centre de recherche au sein de l’Université d’Ibadan, au sud-ouest du pays. En arrivant à l’université, j’ai fait la rencontre d’un enseignant et d’un groupe d’étudiant·es. Ensemble, nous avons créé «Thursday Films Series», un ciné-club hebdomadaire devenu rapidement un lieu de ralliement pour celleux qui cherchaient un espace d’échange autour du cinéma. Au départ, je ne voulais pas nécessairement faire un film sur les étudiant·es (...) Je souhaitais surtout archiver les échanges passionnants dont j’étais témoin chaque jeudi et documenter l’organisation du ciné-club qui était devenu un lieu d’expression politique au sein de l’université. Ce n’est que plus tard, durant le mouvement #EndSars de 2020 contre les violences policières et la mal gouvernance du pays, que l’idée d’un film s’est imposée. Il m’a semblé pertinent de faire un lien entre les revendications exprimées durant les manifestations par les jeunes Nigérian·es et le ciné-club, où nombre de ces questions étaient déjà largement abordées (...) Le film montre ainsi la formation d’une pensée politique et son expression dans la rue à travers les archives de trois années de ciné- club. »

« Le Nigeria est une « démocrature » et l’université publique réplique les formes de domination qui traversent la société. Le ciné-club propose autre chose – je parle au présent car il continue d’exister aujourd’hui -, ses principes de base sont la gratuité, l’accessibilité à tous·tes et une répartition égale de la parole. Dans ce cadre très horizontal, les hiérarchies sont abolies et les étudiant·es se sentent en confiance. Avec le temps, ses membres se sont rendus compte que c’était un lieu où la parole ne portait pas à conséquence, même en dehors de la salle. Le ciné-club est notamment un endroit où le sexisme et l’homophobie sont combattus, alors que la société nigériane est fortement patriarcale et que l’homosexualité est condamnée par la loi. La plus grande réussite de « Thursday Film Series » a été de permettre à des gens marginalisés de se retrouver ; des ponts ont été érigés entre des personnes qui ne se connaissaient pas forcément, notamment parce que les étudiant·es viennent de différents départements. À travers la cinéphilie, c’est une communauté de pensée qui s’est développée, un lieu unique au sein du campus et dans la ville d’Ibadan. C’est donc un safe space résultant de la rencontre entre des gens porteurs des mêmes valeurs et aspirations. Le cinéma est finalement devenu prétexte à la rencontre. »
- Alain Kassanda, extraits du dossier de presse

« Coconut Head Generation donne à voir comme rarement quelle peut être la fonction du cinéma : non pas une évasion de la réalité, mais le moyen d’en élaborer une compréhension commune et émancipatrice par des va-et-vient entre les images, les paroles et la société. » Les Cahiers du cinéma

« L’effet que produit le film tient sans doute à la violente disjonction entre le brio et l’intensité des intervenants et le sentiment de délaissement ou de décadence de la structure qui est censé les porter. » Libération

« Tous les jeudis au sein de l’université d’Ibadan, dans le sud-ouest du Nigeria, étudiantes et étudiants se retrouvent pour participer à un ciné-club éminemment politique. Le documentariste Alain Kassanda filme leurs débats passionnants sur la décolonisation, le féminisme ou les défaillances du système éducatif… Il brosse ainsi, en creux, le portrait assez puissant d’une génération qui en veut. » Télérama

« Ce documentaire possède l’élégance de plans silencieux, respirations ou signaux d’alertes adressés au spectateur. » Le Monde

COCONUT HEAD GENERATION

Un film d’Alain Kassanda
Nigéria, France - 2024 – 1h29
Soutien GNCR

L'INVITÉ :
Alain Kassanda

Natif de Kinshasa en RDC, Alain Kassanda arrive en France à l’âge de 11 ans. Après des études de communication, il organise des cycles de projections et plusieurs festivals dans différents cinémas parisiens. Il devient ensuite programmateur du cinéma d’art et d’essai, Les 39 Marches, en région parisienne. En 2015, il s’installe à Ibadan, au sud ouest du Nigeria. Il y réalise Trouble Sleep, un moyen-métrage qui appréhende la route du point de vue d’un chauffeur de taxi et d’un collecteur de taxes. Parallèlement, il tourne les premières images de ce qui deviendra Coconut Head Generation. De retour en France, il donne la parole de ses grands-parents dans le long métrage, Colette & Justin qui entremêle récit familial et histoire de la décolonisation du Congo. Coconut Head Generation est son troisième film.

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